Édito

Comme ils sont justes, les mots du grand Jean, et comme ils tombent à propos. D’évidence, les photographes en sont là, à se souvenir du monde et de tout ce qui nous y étonne, nous émeut, nous transporte.

Emin Özmen photographie la guerre et ses conséquences depuis 2012. Il était d’ailleurs en Ukraine pendant toute l’élaboration de ce numéro. Mais sa proposition d’évasion avec des bergers nomades, dans les montagnes du Kurdistan, personnification parfaite de l’idée de liberté, nous a touchés, émus, fait rire. Et on en avait bien besoin !

Graciela Magnoni, elle, cherche le beau dans de tout petits riens qui incarnent aussi ce besoin d’humanité qu’on pourrait parfois croire oublié de la mémoire des hommes. Muhammad Fadli nous emmène voir une mer lointaine et calme où les hommes et les femmes restent en connexion parce que c’est aussi cela, vivre : se déplacer d’un point à un autre, sans y être contraints mais par nécessité familiale, amicale ou professionnelle. Delphine Blast nous propose un ciment de tout cela : le regard de nos aînés sur leur quotidien en maison de retraite, pendant le confinement. Un petit morceau d’humanité et de douceur couché sur le papier...

Et c’est aussi la toute première fois que nous publions une histoire liée à ce grand bouleversement qui touche notre planète depuis deux ans. Deux ans c’est, nous le pensons, le temps de recul nécessaire pour s’autoriser à en parler. Et même si la pandémie continue d’occuper certains esprits, la première sidération dont elle a été la cause, ce premier confinement planétaire destiné à protéger en priorité « les plus fragiles », appartient désormais à l’histoire.

En attendant, vous tous qui vous sentez agressés par la folie du monde, venez voir dans nos pages comme, parfois, il tourne joliment. Vous verrez, ça soulage. Et on vous le dit tout net, et pardon pour ceux qui trouveront ça pompeux : on devrait être remboursés par la Sécu.

Jean-Matthieu Gautier & Ambroise Touvet

 

Au sommaire de ce numéro

Maşallah

Emin Özmen

Chaque année, suivant la tradition perpétuée par leurs aînés, des familles kurdes de Turquie entament, avec leurs troupeaux, une transhumance épique depuis les terres arides du sud-est du pays vers les plateaux verdoyants de Van. Cette vie rude de femmes et d’hommes libres qui font face aujourd’hui à de nouveaux fléaux, c’est celle de la famille de Maşallah — qui ne veut pas que ses fils soient bergers à leur tour.

Photoreporter rompu aux terrains exigeants, souvent amené à témoigner des méfaits de la guerre sur les populations, et notamment dans leurs fuites en Turquie ou en Europe, Emin Özmen a « profité » de la période trouble du Covid 19 pour documenter un pan de sa culture: en suivant la famille de Maşallah, dans sa transhumance, il s’est autorisé une autre forme de pérégrination,  sorte d’ode à la liberté de circulation.

 

Cuentos anónimos

Graciela Magnoni

Tant d’inconnus, oui, aux quatre coins du monde, capturés dans le banal de leurs vies quotidiennes en une prosodie d’images anonymes et communes qui rendent le spectacle de leurs vies étrangement familier et intime.


Depuis de nombreuses années maintenant, Graciela Magnoni parcourt le monde et capture des images tendres, étonnantes et poétiques d’anonymes qu’elle croise au gré de ses errances. Cette suite photographique est à l’image de son auteur : un éternel recommencement, une perpétuelle réinvention du regard qui force l’admiration.

 

La traversée indonésienne

Muhammad Fadli

La « Pelni » est l’une des plus importantes compagnies maritimes au monde. De la salle des machines à la passerelle, en passant par les différents ponts, on mange, on dort, on rit, on vit, à bord de ces villes flottantes, véritable trait d’union de l’archipel indonésien.

Parmi les rares photojournalistes que compte l’Indonésie, Muhammad Fadli fait figure d’exception. Depuis 10 ans, ce touche-à-tout de l’image documente sans relâche les particularités de son archipel.

 

Les Isolés d'Isabeau

Delphine Blast

À la fin du mois d’avril 2020, en pleine crise sanitaire, Delphine Blast a décidé de plonger dans l’intimité des 120 résidents de l’Ehpad Isabeau de Roubaix. Souhaitant écrire l’ombre et la lumière de ces aînés isolés, elle a également équipé certains d’entre eux de petits appareils photo compacts, afin qu’eux-mêmes, aussi, relatent leur quotidien en images.

 Delphine Blast a toujours cherché à interroger les aspects intimes de l’homme et sa place dans une société en constante mutation. Au fil du temps et de sa pratique, elle a développé de nouvelles formes de narration, toujours en résonance avec son parcours personnel. Sa fascination pour les personnes âgées ne fait pas exception à la règle qu’elle s’est fixée de travailler une photo du cœur, soucieuse de rendre visibles les moins visibles.

 

LES AUTRES RUBRIQUES À DÉCOUVRIR

CANEVAS

En général, une sélection d’images repérées sur Instagram, grâce au hashtag « #revueepic ». Dans ce numéro, exceptionnellement nous avons demandé à des photographes ukrainiens de nous montrer leur pays - sans les bombes et la guerre.

ZOOM

Un coup de projecteur sur un photographe de renom bénéficiant d’une expo, d’une rétro, d’un livre consacré à son œuvre... Dans ce numéro: Graciela Iturbide. En partenariat avec Phototrend.fr

L’ŒIL ET LA PLUME

Les bonnes feuilles d’un livre (roman, essais... ) où la photographie, l’image ou le rapport à l’image, présente une place certaine. Précédées d’une interview de l’auteur - dans ce numéro: Aimée De Jongh parle de sa BD « Jours de sables ».

DYSTURB

Le regard d’un photographe sur un fait d’actualité majeur des derniers mois écoulés. Analysé et décrypté par le collectif Dysturb dans une logique pédagogique et éducative.

Dans ce numéro: La crise des réfugiés aux frontières de l’Ukraine

MORCEAUX CHOISIS

Les musiques qu’écoutent les photographes publiés dans le numéro,

en réalisant leur sujet ou en travaillant leurs images.


 
 
 

TOUS LES TROIS MOIS

184 pages de beaux récits intimes et documentaires pour raconter le monde en images

IMPRIMÉ EN FRANCE

Une revue indépendante, sans publicité, imprimée dans le sud de la France avec amour - sur un papier éco-responsable produit dans le Périgord...

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